Partir et arriver

Jorge Diaz et Juan-Carlos Caroca - Pueblo Latino
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"Le trouble affectif que suscite la migration est lié au fait que, en tant qu'évènement, elle arrache les migrants à la familiarité d'un contexte environnemental et à la continuité d'un cadre temporel."

Martin Soares, ethnologue

 

La migration, volontaire ou subie, motivée par des raisons économiques, politiques ou personnelles, individuelle ou collective, implique toujours une rupture du sentiment d’appartenance culturelle.

Dans le nouvel environnement, les musiques populaires et traditionnelles que l’on pourrait imaginer fragilisées par la transformation des cadres d'expression, continuent souvent, au contraire, d’accompagner la vie des personnes et des groupes. En effet, de nombreux migrants trouvent dans la musique des repères et le moyen de garder un lien avec leur pays d’origine, au même titre que la langue ou la cuisine. Cette appropriation qui se poursuit pendant une, deux et parfois trois générations fait l’objet d’un investissement symbolique particulièrement important.

D'abord parce qu'une personne venue d'ailleurs apporte dans ses bagages la mémoire de son environnement culturel d'origine, mais aussi parce que la musique contribue à convoquer le territoire absent par sa dimension affective. Dans l’exil, nombre de musiciens se tournent vers les répertoires traditionnels auxquels ils n’accordaient aucune importance avant d’éprouver la distance. Parmi les collectes menées, les chants liés à l'exil révèlent tout particulièrement cette émotion liée à la douleur de la séparation et à la nostalgie du pays perdu, de manière directe (la lettre à la mère) ou métaphorique (l’oiseau envolé).

 

Ainsi en témoigne Jorge Diaz, qui a fui la dictature chilienne des années 1970 avant de trouver refuge en France. Aujourd'hui à Villeurbanne, il participe avec son groupe Pueblo Latino à la transmission d'un folklore chilien engagé.