Sur le front
Lettre de François Tourdot, garde champêtre de Villeurbanne, adressée à un collègue, 20 avril 1915. AMV, 2K655 - 1/4
Cette lettre est adressée par le garde champêtre villeurbannais Tourdot à un représentant de la municipalité. Celle-ci, comme pour les trois sapeurs-pompiers mobilisés, veut tenter d’obtenir son retour du front. François Tourdot est nommé garde-champêtre par le maire de Villeurbanne en 1905. Fonctionnaire territorial, officier de police judiciaire, il est chargé de la protection du domaine rural et donc des campagnes. Il fait souvent office, avec son tambour, de crieur public. La survivance de cette fonction à Villeurbanne montre sans contestation possible le caractère encore rural de cette banlieue fortement industrialisée. Né en 1871, il est mobilisé à 43 ans, dès 1914, dans un régiment d’artillerie dont nous ignorons le numéro. Il faut savoir que sa lettre, avant d’être expédiée, est soumise à la censure militaire. Il ne lui est pas permis de donner beaucoup d’indications sur son régiment ni sur le lieu précis où il se trouve. La position des régiments relève du secret défense. Le courrier pourrait être intercepté par les ennemis. Il est en avril 1915 près de la rivière Seille, un affluent de la Moselle, donc sur le front lorrain. Il creuse les tranchées à cette date. Le front est en train de se stabiliser dans cette région, qui n’est pas le lieu des grands affrontements du printemps 1915. En effet, en mai-juin 1915, c’est l’Artois qui est le lieu d’une grande offensive. Cependant, les morts semblent nombreux et le « canon tonne ». Il semble avoir peu d’informations sur l’arrière, sur le sort de ses amis engagés comme lui dans la guerre mais ne paraît pas trop désespéré. Son dossier personnel conservé en archives nous apprend qu’il n’obtient pas son retour à Villeurbanne avant 1918 et décède en 1933.