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Maison Dognin et Cie

Entreprise de dentelle mécanique, créée à Lyon en 1805, la Maison Dognin est installée à Villeurbanne en 1889. Longtemps dirigée par la famille Isaac, elle ferme ses portes en 1970.

Représentation de l'usine Dognin tirée du fascicule
vue aérienne vers 1945 : au premier plan le quadrilatère des usines Dognin (toits en sheds)
Maison Dognin : le personnel de l'atelier dentelles-raccomodage-ressuivage en 1910

Auteur(s) : Dominique Grard / Emanuela Gennuso , Archiviste de la ville de Villeurbanne/ archiviste

Fondée en 1805 à Lyon par Jean-Claude Dognin, la Maison Dognin est une entreprise de dentelle mécanique mondialement connue au début du XXe siècle. Sa première fabrication est le tulle soie, puis les tulles "grenadine, illusion, zéphyr" et la maille "de Bruxelles", mise au point par Jean-Claude Dognin.

Vers 1838, son fils Camille s’associe avec Augustin Isaac, fabricant de Calais, inventeur d’un procédé permettant d’appliquer le Jacquard au métier Bobin, pour y insérer des fleurs ou des jours et met au point le tulle dit "de Bruxelles". L'entreprise devient alors la Maison Dognin Fils et Isaac. La production de tulle se fait alors à Calais, la broderie à l’aiguille est exécutée par des brodeuses dans les campagnes du Nord ou de la région lyonnaise.

En 1859, le neveu d’Augustin, Louis Isaac déménage les 42 métiers Bobin de Calais regroupés avec les 43 métiers de l’usine à vapeur de la Croix-Rousse, afin de profiter de la main d’œuvre de brodeuses de la vallée du Rhône : jusqu’à 3000 ouvrières. Les tulles sont brodés à Condrieu -où Dognin possède une école de dessin pour les brodeuses - après avoir été teints en noir. L’entreprise, devenue Maison Dognin et Cie en 1860, connaît alors une forte croissance à la faveur de la vogue des châles en dentelles. Tributaires de la mode et des marchés extérieurs, les associés choisissent de fabriquer leurs métiers eux-mêmes et d’intégrer tout le processus de production du tulle et de la dentelle.

Puis Auguste Isaac, fils de Louis, réunit définitivement les deux familles Isaac et Dognin par son mariage avec Amélie, fille de Camille Dognin en 1873. Auguste s’occupe activement de la fabrication, et installe une nouvelle usine à Villeurbanne en 1889, au 57 rue Germain (actuelle rue Louis Becker), car la ville offre alors plus de perspectives de développement que Lyon. Le site occupe en effet 20 000 m² et dispose de 50 métiers à tulle, 30 métiers à dentelle, 15 métiers à broder. En 1900, 350 ouvriers travaillent à Villeurbanne, et 400 à Lyon.

A partir de 1903, Auguste Isaac se retire progressivement de l’entreprise au profit de ses fils et de son gendre. Dans les décennies qui vont suivre, les deux familles fondatrices se partagent la direction des affaires : selon Humbert Isaac, « nous nous donnions tous les sept avec entrain sans arrière-pensées à la tâche commune et au développement de notre affaire dans une forme de république […] qui pouvait passer pour surprenante ».

En 1910, à l’occasion du départ d’Auguste Isaac, ses employés lui offrent un album de photographies de tout le personnel, réalisées par service et par atelier. Les 16 planches présentent les 730 membres de l’entreprise, tous identifiés, constituant ainsi un témoignage précieux de son histoire et de celle des ouvriers du textile à Villeurbanne. L’album a été acquis et numérisé en 2012 par les Archives de Villeurbanne.

Face à la crise de l’industrie textile de la période d’entre deux guerres, les sept cousins de la quatrième génération Dognin-Isaac vont tenter de sauver la société familiale en élargissant les cercles de clientèle et développent à Villeurbanne la recherche dans les sous-vêtements féminins. En effet, l’utilisation de nouvelles fibres artificielles combinées à celle de la soie permet de produire des tulles et dentelles élastiques et la Maison passe un contrat avec Périer, fabricant de la gaine Scandale, qui permet à la société de survivre.

Il faut également souligner le développement de l’entreprise outre-Atlantique. En effet, la Maison Dognin installe une agence commerciale à New-York, la Lace Net Importing Corporation, avant la Première guerre mondiale. Par la suite, un atelier de production est installé dans le Rhodes Island par Humbert Isaac, frère de Louis, pour faire face à la forte demande de tulle de deuil noir des veuves de guerre américaines. La société dénommée Unites Nets Corporation fait appel à des volontaires villeurbannais qui partent s’installer aux États-unis, seuls ou en famille.

Après la deuxième guerre mondiale, il faut faire repartir l’activité autour du tulle élastique qui représente 80% du chiffre d’affaires en 1950, entre la région lyonnaise avec les Isaac et le nord de la France dont sont chargés les Dognin. L’entreprise connaît alors un fort développement et fournit en dentelle les plus grandes maisons de haute couture comme Dior, Balmain, jusqu’à ce qu’en 1968, la révolution des mœurs et la libération de la femme condamnent gaines et bas.

En 1970, Laurent Isaac doit se résigner à liquider la société, vendant les terrains de Villeurbanne ainsi que les usines de Calais et de Caudry. Stocks et métiers sont repris par Périer.


Bibliographie

Joly (Hervé), Journal d'un notable lyonnais 1906 – 1933 : Auguste Isaac, textes choisis et annotés par Hervé Joly, Éd. BGA Permezel (AMV 2C 2571)

Daumas (J.-C.), Dictionnaire historique des patrons français [rubrique « Auguste Isaac » par Hervé Joly] (cote AMV 2C 3628)

Angleraud (Bernadette), Pellissier (Catherine), Les dynasties lyonnaises : des Morin-Pons aux Mérieux du XIXe siècle à nos jours, Perrin, 2003 (AMV 2C2578)


Sources

Archives municipales de Villeurbanne

100Z1 Manuel de la brodeuse, février 1943, propriété de Dognin S.A., 22 p. [planches : machines à broder]

100Z1  Dognin & Cie, livret de présentation de la maison Dognin, imp. Draeger, Paris [1913],

[Cote AMV, 13Fi 8] 1 exemplaire en français, 1 en anglais.

100Z1  Allocutions prononcées à l’occasion de la remise à la Chambre de Commerce du portrait de M. Auguste Isaac son président d’honneur, 1923, 16 p.

19 Fi 399-414 : Album photographique offert à Auguste Isaac en 1910, Victoire photogr., 16 planches

19 Fi 386 à 398 : 13 photographies noir et blanc, par Technic Photo, 77 rue P. Corneille, Lyon, (1954) : présentant les brodeuses au travail sur métier à tisser ou à la main, les salles d’archivage des cartons, les salles des métiers à tisser la dentelle.


6 commentaires

  • douce, 21 février 2015 à 23h48Répondre
    L'usine Dognin ma mère y était ouvriere dans les années 1960 quel retour en arriére et quels souvenirs
  • PETITION, 5 mai 2018 à 17h31Répondre
    Je cherche à me mettre en rapport avec Monsieur Richard Schilling que s’intéresse aux dentelles Dognin. Le connaissez-vous et auiriez-vous ces coordonnées ? Merci de m'adresser votre réponse.

    Bien à vous,

    DHF
  • Legaux Luc, 2 février 2022 à 12h28Répondre
    J’ai une nappe en dognin brodéee de fils d’or (servie une fois en présentation de table) 1,75m sur 2,75 m. J’aimerais la vendre ,,quel prix puis-je espérer,et où dois-je m’edresser, merci de votre réponse
    • Vio, 24 avril 2023 à 16h02Répondre
      Bonjour je suis une descendante de Camille Dognin. Si vous voulez je peux faire une annonce auprès de la famille. Bien cordialement.
    • Sarah DOGNIN, 22 mai 2023 à 10h29Répondre
      Monsieur,
      Je porte le nom de DOGNIN et serai ravie d'acquérir une nappe telle que vous la décrivez.
      Est-ce possible d'échanger à ce sujet ?
      Je vous remercie par avance pour votre retour,
      Bien cordialement,
  • Syl, 9 octobre 2022 à 14h53Répondre
    J aimerai rentre en contact avec la maison perier

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