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Lieu de mémoire de la Résistance qui concerne Odile Chadebech, résistante villeurbannaise, et sa famille.
10, rue du GAZ (aujourd'hui rue Louis DUCROIZE)69100VILLEURBANNE
Perralière / Grandclément
L'histoire a gardé le souvenir d'évènements et de personnes de la période de l'Occupation comme le Chanoine Boursier, la rafle du 1er mars 1943, la libération de la ville en 1944 ou la réunion de ce qui sera le CNR dans l'appartement d'Alice et André Vansteenberghe aux Gratte-Ciel.
Mais l'oubli est retombé sur de nombreux actes de résistance qui ont été le fait d'habitants qui ont pris des risques importants et ont repris une vie normale après la fin du conflit.
C'est le cas de l'événement cité ici, un de ces " Lieux Secrets " valorisé par le projet partenarial entre le Rize, le TNP, la Compagnie En Acte(s), le lycée Faÿs et l'Inter Quartiers Mémoire et Patrimoine (2015-2018).
Mais l'oubli est retombé sur de nombreux actes de résistance qui ont été le fait d'habitants qui ont pris des risques importants et ont repris une vie normale après la fin du conflit.
C'est le cas de l'événement cité ici, un de ces " Lieux Secrets " valorisé par le projet partenarial entre le Rize, le TNP, la Compagnie En Acte(s), le lycée Faÿs et l'Inter Quartiers Mémoire et Patrimoine (2015-2018).
Ce lieu est redevenu ce qu'il a toujours été : une maison d'habitation.
Cette histoire a été transmise par Odile Chadebech. Ses parents étaient militants communistes. Abandonnant l'école elle participe aux forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) puis elle est rapidement recrutée par un réseau pour lequel elle devient agent de liaison après l'occupation de la zone libre. Elle assure cette mission jusqu'à la Libération
(On peut écouter ou consulter, aux Archives municipales, l'enregistrement d'Odile Chadebech réalisé par l'Inter Quartiers à l'occasion du projet Lieux Secrets),
Il est plus simple de laisser la parole à Odile Chadebech pour dire l'histoire de ce lieu :
" Mes parents habitaient au 10, rue du Gaz et il y avait une particularité, il y avait une cour qui séparait le grand bâtiment où il y avait les locataires d'une maison de plain-pied où mes parents habitaient. Chez nous, c'était ce qu'on appelait une boîte aux lettres, c'est à dire que les résistants arrivaient vers maman pour prendre des directives ou pour rester un jour ou deux parce qu'ils arrivaient de l'extérieur en attendant de trouver quelque chose pour se loger. On pouvait rentrer chez nous par la rue du Gaz, on traversait la petite cour et on rentrait à la maison mais on pouvait sortir aussi par l'impasse Carotte, qui était derrière. Pour que les résistants puissent entrer sans qu'il y ait de problème, ils étaient obligés de passer par l'impasse Carotte avant d'entrer dans la rue du Gaz et ils regardaient la couleur du ruban qui était au volet. Ma mère mettait un ruban noir s'il ne fallait pas qu'ils viennent ou un ruban rouge s'ils pouvaient rentrer, s'il n'y avait pas de problème. Il a circulé un monde, je ne vous en parle pas ! C'était notamment la boîte aux lettres du commandant Vauban qui a été fusillé à Saint-Didier de Formans et qui est un des rescapés. Ils sont deux sur trente qui ont été fusillés à Saint-Didier de Formans, il y en a deux qui s'en sont réchappés. Malgré qu'il ait été fusillé en descendant de la camionnette et le coup de grâce après, le commandant Vauban qui en réalité s'appelle Perrin et était de Villeurbanne avait donc sa boîte aux lettres chez ma mère et est venu très souvent à la maison (...).
Chez nous, il y avait une cheminée dans la chambre, comme elles étaient autrefois avec du marbre, des chenets mais on ne pouvait pas la faire marcher parce qu'elle était pleine mais pas de fumée ! Il y avait de la dynamite, des tas de choses. Au numéro 13, où maman était aussi gardienne, il y avait une grande cour avec des clapiers. Il y en avait un ou deux qui avaient des lapins et les autres avaient de la paille, c'est tout. Mais il ne fallait pas aller soulever la paille parce qu'il y avait d'autres choses dessous. C'est ce qui se passait dans la rue du Gaz.
Mon papa cassait les cailloux et il était surveillé, il ne pouvait plus rien faire. On a eu la chance, justement, qu'il n'y ait jamais eu d'autre descente de police à la maison. Les gens de l'immeuble qui voyaient souvent des gens rentrer et sortir de chez nous disaient " C'est une maison de passe. " On eu cette chance d'échapper parce que par exemple, Andrée Chapel, la dame qui était responsable du syndicat, a été arrêtée chez elle par la police française et elle a été emprisonnée à la prison des Baumettes à Marseille. Elle était trop connue. Nous, on a eu la chance de ne rien avoir. Ma mère menait une vie normale, elle faisait son travail de concierge. Les gens venaient plutôt le jour que la nuit. Il fallait les nourrir, ces résistants, quand ils restaient un jour ou deux à la maison et ma mère avait un contact dans le Jura, elle allait chercher du ravitaillement dans le Jura, en train. Elle n'a jamais été suspectée".
(On peut écouter ou consulter, aux Archives municipales, l'enregistrement d'Odile Chadebech réalisé par l'Inter Quartiers à l'occasion du projet Lieux Secrets),
Il est plus simple de laisser la parole à Odile Chadebech pour dire l'histoire de ce lieu :
" Mes parents habitaient au 10, rue du Gaz et il y avait une particularité, il y avait une cour qui séparait le grand bâtiment où il y avait les locataires d'une maison de plain-pied où mes parents habitaient. Chez nous, c'était ce qu'on appelait une boîte aux lettres, c'est à dire que les résistants arrivaient vers maman pour prendre des directives ou pour rester un jour ou deux parce qu'ils arrivaient de l'extérieur en attendant de trouver quelque chose pour se loger. On pouvait rentrer chez nous par la rue du Gaz, on traversait la petite cour et on rentrait à la maison mais on pouvait sortir aussi par l'impasse Carotte, qui était derrière. Pour que les résistants puissent entrer sans qu'il y ait de problème, ils étaient obligés de passer par l'impasse Carotte avant d'entrer dans la rue du Gaz et ils regardaient la couleur du ruban qui était au volet. Ma mère mettait un ruban noir s'il ne fallait pas qu'ils viennent ou un ruban rouge s'ils pouvaient rentrer, s'il n'y avait pas de problème. Il a circulé un monde, je ne vous en parle pas ! C'était notamment la boîte aux lettres du commandant Vauban qui a été fusillé à Saint-Didier de Formans et qui est un des rescapés. Ils sont deux sur trente qui ont été fusillés à Saint-Didier de Formans, il y en a deux qui s'en sont réchappés. Malgré qu'il ait été fusillé en descendant de la camionnette et le coup de grâce après, le commandant Vauban qui en réalité s'appelle Perrin et était de Villeurbanne avait donc sa boîte aux lettres chez ma mère et est venu très souvent à la maison (...).
Chez nous, il y avait une cheminée dans la chambre, comme elles étaient autrefois avec du marbre, des chenets mais on ne pouvait pas la faire marcher parce qu'elle était pleine mais pas de fumée ! Il y avait de la dynamite, des tas de choses. Au numéro 13, où maman était aussi gardienne, il y avait une grande cour avec des clapiers. Il y en avait un ou deux qui avaient des lapins et les autres avaient de la paille, c'est tout. Mais il ne fallait pas aller soulever la paille parce qu'il y avait d'autres choses dessous. C'est ce qui se passait dans la rue du Gaz.
Mon papa cassait les cailloux et il était surveillé, il ne pouvait plus rien faire. On a eu la chance, justement, qu'il n'y ait jamais eu d'autre descente de police à la maison. Les gens de l'immeuble qui voyaient souvent des gens rentrer et sortir de chez nous disaient " C'est une maison de passe. " On eu cette chance d'échapper parce que par exemple, Andrée Chapel, la dame qui était responsable du syndicat, a été arrêtée chez elle par la police française et elle a été emprisonnée à la prison des Baumettes à Marseille. Elle était trop connue. Nous, on a eu la chance de ne rien avoir. Ma mère menait une vie normale, elle faisait son travail de concierge. Les gens venaient plutôt le jour que la nuit. Il fallait les nourrir, ces résistants, quand ils restaient un jour ou deux à la maison et ma mère avait un contact dans le Jura, elle allait chercher du ravitaillement dans le Jura, en train. Elle n'a jamais été suspectée".
Des familles, qui habitent aujourd'hui cet immeuble et cette maison.
La famille Chadebech entre autres
Ce qui rend ce patrimoine remarquable, c'est qu'il dit quelque chose de l'action, désintéressée, pour la liberté, d'habitants de Villeurbanne qui sont naturellement retournés dans l'anonymat de la cité à la fin de la guerre.
Occupation, Résistance, engagement, ravitaillement
Ce patrimoine doit être vivant puisqu'il dit un moment de l'histoire de Villeurbanne. Par contre, il peut être fragilisé si le projet d'urbanisation en cours à partir de la place Grandclément détruit cette maison ou tout simplement efface l'impasse Carotte et les traces de cette histoire.
Pour l'instant il est invisible dans son environnement. Il y aurait lieu de mettre en oeuvre une valorisation de ce type de patrimoine. Il faudrait, par exemple, faire rassembler les informations sur l'histoire d'Odile Chadebech et Louis Ducroize (une plaque sur L. Ducroize en début de rue existe), mais aussi sur l'origine du nom " rue du Gaz ", sur l'immeuble où ils habitaient, sur leur histoire etc....
XXème (avant 1945)
1942
Témoignages
Odile CHADEBECH Agente de liaison sur Lyon-Villeurbanne dans la Résistance
Témoignages
Enregistrement d'Odile Chadebech (Audio et transcription : AMV Le Rize)
Livret " Lieux Secrets " rassemblant les textes du spectacle " Gris " et des Contes Contemporains dans le cadre du projet Lieux Secrets
(Médiathèque du Rize)
Livret " Lieux Secrets " rassemblant les textes du spectacle " Gris " et des Contes Contemporains dans le cadre du projet Lieux Secrets
(Médiathèque du Rize)
Enregistrement d'Odile Chadebech (Audio et transcription)
AMV Le Rize
AMV Le Rize
Permezel Bruno, 2003, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours - 2824 engagements, Lyon, BGA Permezel, 740 p.