Vivre à l'arrière - Se nourrir
Délibération du conseil municipal, "secours aux familles nécessiteuses pendant la guerre", 8 avril 1915. AMV, 1D274 - 1/2
Cette délibération du conseil municipal en date du 8 avril 1915 permet d’insister sur plusieurs points. D’abord, si l’on s’intéresse à la composition du conseil municipal, on peut remarquer que tout comme celui du maire, le Docteur Jules Grandclément, les noms de 14 conseillers municipaux sont barrés alors qu’ils figurent dans la rubrique « présents ». Il s’agit des élus mobilisés et donc absents de Villeurbanne. Cela fait donc 15 élus sur les 30 que compte la commune. Cela montre l’ampleur de la mobilisation qui touche une partie importante de la population, les hommes de 20 à 45 ans. Pendant toute la durée de la guerre et dès août 1914, un nombre important de familles, en général des femmes seules, se trouvent sans ressources du fait du chômage et du départ du chef de famille au front. Donc, dans beaucoup de communes urbaines, des soupes populaires sont ouvertes par les municipalités. Dans les villages, la solidarité villageoise joue plus facilement et l’autarcie agricole permet de mieux nourrir les familles. A Villeurbanne, ces soupes populaires fonctionnent d’août 1914 à fin mars 1915. La mise en place d’une allocation militaire permet de venir en aide à ces familles privées du salaire du père et d’alléger la misère. Cette allocation est très faible : 1,25 francs par jour augmenté de 0,50 francs par enfant de moins de 16 ans. Les femmes ont aussi souvent pu trouver du travail dans les nombreuses usines qui produisent pour l’armée à Villeurbanne. Les sommes engagées par la municipalité semblent considérables. 10 000 francs or de 1915 correspondent en pouvoir d’achat à 28 000 euros de 2014 (conversion tables INSEE), soit 224 000 euros pour 8 mois. Pour une commune, c’est sans aucun doute une charge importante.