Travailler à l'effort de guerre
Lettre du maire de Villeurbanne adressé au ministre de la guerre, 8 juillet 1915. AMV, 2K655 - 1/2
La municipalité de Villeurbanne demande le 8 juillet 1915 au Ministre de la Guerre de démobiliser trois anciens sapeurs pompiers villeurbannais au front depuis 1914 afin de pouvoir assurer la sécurité contre les risques d’incendies dans les entreprises villeurbannaises, d’autant qu’environ une sur cinq travaille pour le Ministère de la guerre. Cette lettre est un exemple intéressant pour faire comprendre de manière concrète la question de la pénurie de main d’oeuvre pendant la Première Guerre mondiale. En effet, 2 900 000 hommes valides sont mobilisés en France dans les quinze premiers jours du conflit. Seuls ne sont pas mobilisables en 1914 les personnels des chemins de fer et certains fonctionnaires. Les usines se vident. Après une courte période de chômage avant la réorganisation de l’industrie autour de la fourniture des armées, la situation devient vite catastrophique. Pendant les 10 mois qui suivent, encore 2 700 000 hommes sont mobilisés. Ainsi 3 400 000 ouvriers sont au front. La pénurie en main d’oeuvre est énorme même si les femmes travaillent dans les usines d’armement. La production d’armes doit suivre l’augmentation de la consommation de munitions de l’armée. Les industriels obtiennent donc le retour de leurs ouvriers mobilisés dès 1915. Ce retour se fait dans des conditions pas toujours très claires. Une violente campagne de presse se développe contre ces retours. Les ouvriers sont traités d’« embusqués » et le ressentiment est fort dans les villages où les paysans restent au front avec des pertes énormes pour l’armée pendant cette même année 1915. La mairie de Villeurbanne qui est touchée par la pénurie de personnel, tente de profiter de cette ouverture pour reconstituer sa caserne de sapeurs pompiers. La sécurité de la population n’est en effet pas assurée, comme l’argumente l’adjoint spécial qui remplace le maire Grandclément lui-même mobilisé.