La vie reprend

Lettre de Lazare Goujon à sa fille Louise, 24 janvier 1917. Transcription R. Fisher. AMV, don R. Fisher

Lettre de Lazare Goujon à sa fille Louise, 24 janvier 1917. Transcription R. Fisher. AMV, don R. Fisher

Dans les extraits de cette lettre que Lazare Goujon adresse en janvier 1917 à sa fille Louise, il se livre à une analyse sociologique sur les transformations qu’a apportées la guerre selon lui dans la condition féminine. On retrouve l’argumentaire d’un militant socialiste. Il fait preuve d’optimisme. La réalité est tout autre après la guerre. Avant la guerre, le taux d’activité féminine était déjà élevé. Elle constituait un tiers de la population active : travail aux champs et dans l’industrie. Les femmes de la bourgeoisie ne travaillent pas. La guerre leur a donné accès à des secteurs de l’industrie qui leur étaient jusque là fermés : la chimie et la métallurgie. Elles sont les premières à perdre leur emploi dans ce secteur avec la reconversion de l’économie de guerre. Même si les veuves de guerre et les célibataires travaillent, on peut dire que globalement, dans la société française, le modèle traditionnel de l’emploi féminin demeure une activité temporaire entre la sortie de l’école et le mariage puis la naissance des enfants. L’émancipation civile et politique des femmes ne progresse pas. Le Code civil ne subit pas de modifications jusqu’en 1939. Le droit de vote, malgré l’activité militante des suffragettes, ne leur est pas accordé : après des débats houleux, la Chambre vote en mai 1919 pour le suffrage des femmes, mais les sénateurs refusent de l’inscrire à l’ordre du jour de leur assemblée et votent contre en 1922. Il faut donc attendre 1944. Le Docteur Goujon souhaite l’accès des femmes aux professions à responsabilité : avocate, médecin par exemple qui leur restent fermées. Il faut attendre 1930 pour voir la première femme médecin hospitalier. Pour les élections de mai 1935, c’est lui qui propose l’élection de « conseillères municipales privées ».