Accueil > Consultation > Encyclopédie > Le Rize

Imprimer la page

Consultation

Le Rize

Le Rize est un lieu culturel de Villeurbanne ouvert au public en 2008. Il a pour vocation de construire et de transmettre l’histoire de la ville, à partir des archives, des témoignages des habitants et des travaux de chercheurs.

Vue extérieure du bâtiment
Passerelle vers les Archives
Exposition Palais du Travail

Auteur(s) : Xavier de la Selle, Directeur du Rize

Le projet politique initial : un centre de la mémoire à Villeurbanne

Baptisé initialement « Centre de la mémoire », le Rize est l’un des projets culturels inscrit dans le programme du candidat Jean-Paul Bret aux élections municipales de 2001 : « A Villeurbanne, nous sommes tous venus de partout pour apprendre, travailler ou trouver refuge et finalement, nous sommes tous devenus d'ici. […] J'aimerais que nous puissions créer un centre de recherche et de réflexion sur cette mémoire ouvrière, multiethnique et fraternelle des villes du XXe siècle » (lettre adressée aux Villeurbannais en septembre 2000 par Jean-Paul Bret, candidat aux élections municipales, intitulée « Et vous, qu'en pensez-vous ? »). L’objectif était de doter la ville d’une structure patrimoniale, dédiée à la valorisation des mémoires des habitants.

Dans les années 2001-2007, le projet entre en phase de préfiguration, porté par une nouvelle délégation politique dédiée à la mémoire et au patrimoine et géré administrativement par la direction des affaires culturelles, qui travaille à lui donner un périmètre fonctionnel et budgétaire. Les premiers éléments de programme dressent les contours du futur équipement, articulé autour de trois pôles complémentaires (documentaire, scientifique et culturel), qui traduisent le travail de mémoire : collecter et conserver des traces du passé, les étudier par la recherche, les valoriser par l’action culturelle et pédagogique.

Durant cette période de genèse, le projet est nommé « Centre mémoires et société ». Il est prévu  d’y inclure les archives municipales, service créé en 1988, puis d’intégrer une nouvelle médiathèque, venant compléter les fonctions du futur équipement, avec l’objectif de développer le réseau de lecture publique villeurbannais dans les quartiers sud de la ville. Le programme architectural évolue en conséquence, pour intégrer la nouvelle médiathèque au rez-de-chaussée du bâtiment, tandis que les archives sont installées au premier étage. L’organigramme définitif du Rize présente un effectif global de 26 personnes.

Lors de son inauguration et de son ouverture au public, les 15 et 16 février 2008, le lieu est alors rebaptisé « Le Rize », en référence à la Rize, ancienne rivière de Villeurbanne, affluent du Rhône, qui coulait à proximité immédiate du bâtiment et dont le nom est associé à l’implantation des premières usines.

Le bâtiment du Rize

Le Rize réunit en un même lieu les archives municipales de Villeurbanne, une médiathèque de lecture publique et des espaces culturels, conviviaux et pédagogiques (galerie d’exposition, amphithéâtre, ateliers, café, patio), ainsi que des locaux destinés à l’accueil de chercheurs. Le bâtiment est l’ancien site des archives régionales du Crédit Lyonnais, racheté par la ville de Villeurbanne en 2001. L’architecture, caractéristique de l’ère industrielle du début du XXe siècle, a été préservée lors de la rénovation, réalisée par l’architecte Benoît Crépet (Paris), associé à l’agence Mimésis Architecture (Villeurbanne). Les transformations du bâtiment ont respecté le patrimoine existant avec quelques ajouts, notamment la création en façade d'un hall d'accueil général et l'ajout d'une passerelle à l'arrière du bâtiment pour créer un nouvel espace intérieur qui deviendra la terrasse et le patio. La démolition du mur d'enceinte et la création d'une esplanade paysagère ont ouvert le site, jusqu’alors fermé au public, sur son quartier et sur la ville.

 La médiathèque

La médiathèque appartient à la fois au Rize et au réseau des médiathèques de Villeurbanne. Ses collections (environ 35 000 documents) concernent tous les thèmes encyclopédiques et plus particulièrement l’histoire sociale et l’histoire des populations des villes du 20e siècle : urbanisme, migrations, monde ouvrier…ainsi que tous les supports (livres, magazines, CD, DVD). L’espace multimédia composé de neuf postes informatiques permet un accès libre à Internet et propose des ateliers gratuits toute l’année. Les tablettes numériques sont proposées en accès libre en salle et sont au centre de la démarche d’animation et de formation du public. Résolument tournée vers les nouvelles pratiques culturelles et les cultures émergentes, les collections proposent un éclairage actualisé sur le passé, le présent et le futur.

 Les archives municipales

Les archives municipales, service constitué en 1988, rassemblent les documents issus de l’administration de Villeurbanne (délibérations du conseil municipal, registres d’état civil, listes électorales, cadastres, plans…) Le plus ancien document, premier registre paroissial tenu par le curé de Villeurbanne, date de 1631. Les Archives de Villeurbanne collectent et conservent également des archives privées, associatives, familiales ou économiques. Une collection d’archives orales est progressivement constituée, composées des récits de vie et témoignages recueillis dans le cadre de la programmation culturelle du Rize et des recherches scientifiques qui l’accompagnent.

 La politique scientifique du Rize : les résidences de chercheurs

Dans la première forme de son projet, exprimée dès 2001, le maire de Villeurbanne affirme d’emblée son souhait de créer « un centre de recherche et de réflexion sur cette mémoire ouvrière, multiethnique et fraternelle des villes du XXe siècle ». Cette dimension du projet est explicitement formulée, avec l’intention précise d’apporter un fondement scientifique aux « multiples initiatives [qui] témoignent aujourd’hui de l’intérêt des Villeurbannais pour l’histoire de leur ville […] Des chercheurs, des historiens et des universitaires sont également prêts à s’investir pour fournir un cadre de référence à ces initiatives et à leur donner une exigence historique… ».

A partir de l’année universitaire 2009-2010, des résidences de jeunes chercheurs sont mises en place, avec le lancement d’appels à candidature pour accueillir en stage des étudiants inscrits en master « parcours recherche » de sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, géographie, anthropologie, etc.). Depuis 2010, le Rize accueille également en résidence un doctorant dans le cadre du dispositif CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la REcherche), recruté pour trois ans par la ville de Villeurbanne pour mener au Rize ses travaux de recherche en vue de la thèse de doctorat. Entre 2011 et 2014, ce principe de résidence scientifique se structure autour d’un pôle recherche, animé par le doctorant, qui permet de tisser des liens durables avec les universités et les laboratoires de recherches concernés, autour de projets éditoriaux, d’expositions ou d’ateliers de réflexion sur des thématiques ou des méthodologies. Des collaborations se nouent également autour d’autres projets de recherches, auxquels le Rize apporte une contribution matérielle ou financière, tout en participant aux réflexions qui les accompagnent[1]. Un blog a également été créé pour rendre compte de l’activité du pôle recherche du Rize (« Mémoires et société, actualité de la recherche au Rize : http://mes.hypotheses.org/»).

Trois entrées thématiques

Le Rize explore des thèmes, tous liés entre eux, qui prennent leur signification dans l’histoire de la commune et résonnent encore aujourd’hui, non seulement à Villeurbanne mais aussi à l’échelle de la métropole lyonnaise : l’histoire politique, culturelle et sociale de la commune de Villeurbanne et plus généralement les questions historiques et sociologique des territoires qui se sont urbanisés à l’ère industrielle ; les cultures populaires, la transmission de la mémoire sociale ouvrière et de l’héritage industriel ; les mémoires de l’immigration : l’expérience migratoire caractérise l’histoire du peuplement de Villeurbanne, dont la croissance démographique rapide a accompagné le développement industriel. Le Rize travaille donc sur l’anthropologie urbaine et l’histoire sociale de l’immigration pour éclairer les enjeux du dialogue interculturel.

 Les activités culturelles du Rize

La programmation du Rize est rythmée chaque année par trois « temps forts », qui donnent lieu à des expositions temporaires, accompagnée d’autres propositions culturelles et pédagogiques variées, venant approfondir et compléter le sujet choisi : conférences, journées d’études, spectacles, concerts, ateliers.

Depuis son ouverture en 2008, le Rize a présenté une vingtaine d’expositions, et notamment :

2009

Le (s) sens de la ville : une lecture de la ville à travers le ressenti sensoriel, pour comprendre son évolution, son apparence actuelle, les choix d’urbanisme.

2009-2010

Olivier de Serres : radiographie d’une cité ghetto : un parcours chronologique nourri d’archives et de témoignages contradictoires pour comprendre l’histoire d’une cité de logements construite hâtivement à la fin des années 1950 et devenue une véritable « cité ghetto » jusqu’à la démoli­tion de ses barres entre 1978 et 1984.

2010

Musiques ! Voyages sonores à Villeurbanne : aboutissement d’une opération de collecte ethnomusicologique menée par le CMTRA, l’exposition proposait une découverte des musiques traditionnelles et populaires venues d’ailleurs, vécues et pratiquées à Villeurbanne.

2011-2012

Villeurbanne, la laborieuse : l’histoire industrielle de Villeurbanne et les évolutions de son image de ville industrielle puis de banlieue populaire.

Le Palais du Travail : mise en lumière de l’histoire du projet politique et social, premier élément du projet de nouveau centre urbain.

2013

Des maisons à Villeurbanne : le logement individuel à travers l’histoire de l’urbanisation et des rapports entre industrie et habitat, patrons et ouvriers, individuel et collectif, mais aussi récits particuliers d’habitants liés à leur maison.

2014

L’expo cultes – les religions dans la ville : pour comprendre le fait religieux dans l’histoire de Villeurbanne, les rites, les croyances et les communautés.

 

Les quartiers de Villeurbanne

Le Rize a également choisi de travailler chaque année à la connaissance approfondie des quartiers de la ville, pour expérimenter des actions en plus grande proximité avec les habitants : Saint-Jean (webdocumentaire mis en ligne en 2012   : vudesaintjean.villeurbanne.fr), quartiers autour du Rize (Faisons connaissance, 2013), Gratte-ciel (2014).

 Les projets artistiques du Rize

Dès son ouverture, le Rize a développé plusieurs projets artistiques :

- Mémoires en corps ! : installation pour l’inauguration créée par le collectif NOAO (2008).

- In Fabula : œuvre d’art numérique conçue en 2008 par Grégory Lasserre et Anaïs met den Ancxt (Scenocosme), Denis Vedelago et Anaïs Escot (2008-2009) : http://www.scenocosme.com/infabula/

- Le/La Rize : œuvres de Dominique Blaise. Un regard artistique contemporain et inédit sur le Rize et un hommage à la petite rivière éponyme qui a contribué à l’essor industriel de Villeurbanne (2010) (lien : http://www.pourcelot.fr/db/).

- MerceRize, Boutonner nos histoires : mêlant l’écrit et l’image autour d’un objet modeste, le bouton, cette exposition a restitué l’expérience artistique et humaine par le collectif La Mercerie, venu à la rencontre des Villeurbannais (2012) : http://toniolibero.wordpress.com/2012/07/09/mercerize-boutonner-nos-histoires-au-rize-ete-2012/

- Je suis au Rize. Gilles Rochier, chronique d’une résidence. Exposition des œuvres de G. Rochier, auteur de bande dessinée en résidence au Rize (2012-2013) : http://jesuisaurize.tumblr.com/

- Perspectives Gratte-Ciel : carte blanche à des étudiants d’écoles d’arts et d’architecture de l’agglomération lyonnaise pour proposer un regard original sur les Gratte-ciel, à l’occasion des 80 ans de leur construction.

 

En 2014-2015, le Rize accueille la Compagnie de théâtre Anda Jaleo pour une résidence consacrée au thème de l’amour à Villeurbanne.



[1] On citera par exemple le projet « Villeurbanne à la croisée des mémoires » développé conjointement par deux laboratoires de l’université de Lyon 2, le GREPS (Groupement de recherche en psychologie sociale) et ELICO (équipe lyonnaise inter-établissement de recherche en sciences de l'information et de la communication) dont les résultats feront l’objet d’une restitution publique au Rize à l’automne 2011.


Bibliographie

De la Selle (Xavier), « Quand bibliothèque et archives font mémoire commune », Bulletin des bibliothèques de France, n°3, 2010, http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2010-03-0046-008.

De la Selle (Xavier), « Le Rize : une expérience ethnologique ? », Culture et recherche, n° 127, automne 2012, p. 15-16

De la Selle (Xavier), « Faire avec plutôt que pour. Le projet culturel du Rize à Villeurbanne », Diversité : ville, école, intégration, n° 175, 1er trimestre 2014, p. 93-98.


Aucun commentaire

Localisation

Sélectionnez un thème
Sélectionnez un mot-clé