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La Rize à Villeurbanne

Ruisseau champêtre issu d’une résurgence du Rhône, la Rize coulait autrefois de Décines à La Guillotière. L’urbanisation l’a fait progressivement disparaître à Villeurbanne : il n’en subsiste qu’un petit canal dérivé, limite entre Vaulx-en-Velin et Villeurbanne. Pourtant son souvenir reste vivace dans l’imaginaire des villeurbannais.

La Rize en 1937 (photo Bobenrieth)
guinguette au bord de la Rize avant 1910 (carte postale)
construction du siphon de la Rize près du pont de Cusset (carte postale)
Lavandières au Pont des Planches, au bord de la Rize (don J.-P. Masson)
La Rize le long des jardins ouvriers de la Ville de Villeurbanne (ph. D. Grard)

Auteur(s) : Dominique Grard, archiviste de la ville de Villeurbanne

Quand la Rize coulait à Villeurbanne ...

Ruisseau qui sourd par infiltration des marais de Décines, au lieu dit « la petite Camargue », - ou au lieu-dit les Simondières, pour certains -, la Rize est un reliquat de l’ancien lit du Rhône, rejeté progressivement au cours des siècles par de fortes crues le long des collines de Miribel. Ce mince bras du Rhône « le ruisseau de Feurs, dit la Rize » circulait autrefois le long de la Balme viennoise (ou dauphinoise)[1]. Avant la construction du canal de Jonage, entre 1892 et 1898, c’était « un riant ruisselet de deux ou trois mètres de large aux eaux très claires ».[2]

Symbole d'un passé champêtre, le cours d’eau ne se découvre aujourd’hui qu'en deçà du canal de Jonage, à proximité du Pont de Cusset. Elle est tarie au-delà, depuis que le siphon inversé - aménagé en 1896 pour lui permettre de franchir le canal de Jonage -, a été endommagé. Ses eaux reprennent le cours du canal jusqu’au Rhône dorénavant.

Son tracé sur Villeurbanne était encore parfaitement lisible sur le plan topographique de 1910.

Elle coulait de sa source en direction de Vaulx-en-Velin, puis, dans Villeurbanne,  traversait sur 3, 7 km, les quartiers de Cusset, de la Perralière, des Maisons Neuves et de la Ferrandière avant de rejoindre le Rhône, dans le quartier de la Guillotière.

Ses traces subsistent dans les noms de voirie : celui de la « petite rue de la Rize », derrière la place Grandclément, ou l’ancienne dénomination de la rue Valentin-Haüy, appelée « rue de la Rize » avant la délibération du 26 janvier 1970.

C’est d’ailleurs pour en raviver le souvenir que le maire baptise l’équipement culturel « Le Rize » en février 2008.

Histoire d’une disparition

Au milieu du 19e siècle, la qualité de ses eaux, réputées non calcaires, attire les premiers teinturiers ou blanchisseurs. Des lavoirs publics s’installent, comme à Cusset, chemin du Roulet - actuellement rue Pierre-Vaillant - ou bien, à l'angle de la rue de Venise ou encore boulevard Eugène-Réguillon, ex boulevard de la Côte.

 À force de déversements, la Rize n’est plus « qu’un fossé infect, un réceptacle d’immondices où viennent se ­dégorger des égouts, à la surface parsemée de bulles gazeuses »… Seuls des nettoyages réguliers, et le drainage des marais pour mieux alimenter la petite rivière en eau, rétabliraient la situation. Ces ­missions sont confiées en 1853 à un syndicat intercommunal doté d’un budget conséquent, qui creuse jusqu’à Décines un nouveau lit entièrement artificiel.[3]

Mais dans son parcours urbain, la pollution reste intense au point que, dès 1875, la ville de Lyon décide de la recouvrir entièrement dans le quartier de la Guillotière. À Villeurbanne, avec l'urbanisation progressive tout au long du siècle dernier, on multiplie tunnels et dalles de recouvrement. En 1964, il ne reste plus que 2,6 km à l’air libre et depuis 1973, 200 m de Rize à ciel ouvert.[4]

Et pourtant, la mémoire de cette rivière enfouie reste vive.

La Rize nostalgique

En effet, dans la première moitié du 19e siècle, en amont, du côté du Canal de Jonage, elle garde encore tout son attrait pour la clientèle des guinguettes, ouvriers endimanchés et pêcheurs.

Il faut alors emprunter le tramway de Cusset, ligne n°7, puis traverser le canal pour trouver la Villa des Saules au bord de la Rize : au menu « saucissons, petites fritures, poulets, canards … ». Elle annonce aussi tonnelles, jeux de boules et de quilles ou balançoires. Il y a aussi le Transvaal, guinguette du Pont des planches[5] qui se trouvait sur Vaulx-en-Velin, qui s’est aussi appelée Ma ritournelle avant d’être démolie. À l’entrée du quartier Saint-Jean, se tenait la Maison Carrée.

Evoquons aussi une autre guinguette entre terminus du tramway et pont de Cusset : le café Bornicat appelé aussi Au Perroquet, centre d’animation du quartier, lieu de la fête d’été de l’Amicale laïque de Cusset.

Le « trou de la Rize », souvent cité dans les mémoires locales, (localisé sur le plan cadastral coté 6Fi1048, coin droite, en bas, du folio n° 28) était situé sur la rive gauche du canal près du pont de Cusset, à la sortie du siphon qui permettait le passage du ruisseau sous le canal. De nombreux témoins attestent que, pendant une quarantaine d’années, c’est ici que les enfants de Cusset apprenaient à nager ; selon eux, la construction de la piscine toute proche, au début des années 1930, ne ralentissait pas la fréquentation du lieu par les enfants du quartier.[6]

En 1987, la Rize disparaît définitivement dans son cours villeurbannais sauf un petit canal dérivé qui fait la limite entre Villeurbanne et Vaulx-en-Velin. Il arrose encore les jardins familiaux du quartier Saint-Jean, havre de paix pour les jardiniers amateurs.

 



Notes

[1] Ainsi nomme-t-on la terrasse géologique qui peut présenter à certains endroits des escarpements de 20 à 30m de hauteur ; selon S. Chabbert, les pieds de balmes gardent de bons indices du passage de la Rize à Villeurbanne.

[2] Selon Gustave Desgrandchamps, « La Rize, rivière secrète », La Vie Lyonnaise, décembre 1937

[3] Alain Belmont, Viva

[4] Rapport de Simon Chabbert « La Rize, histoire d’une disparition », rédigé en novembre 2007 pour le syndicat intercommunal pour la mise en valeur de la Rize

[5] pont sur la Rize d’abord en bois puis en pierres

[6] Selon Francisque Sautel « Le trou de la Rize et la plage de Cusset », Quand les villeurbannais racontent leur ville,  n° 4.



Bibliographie

DESGRANDCHAMPS (Gustave), « La Rize, rivière secrète », La Vie Lyonnaise, décembre 1937

 « Plus inattendues que celles du Portugal … voici les lavandières de la Rize ! », Le Progrès, 20 février 1957

 « C’est arrivé hier : la Rize : vie et survie : comment une rivière devient trop petite pour faire face à l’industrialisation », Le Progrès, 8 mars 1987, p. 11

 TRUCHET(Gérard), TABEY (Jean-Paul), « L’histoire d’une rivière, la Rize », Rive Gauche, n° 182, décembre 2007, p. 8-20


Sources

Aux archives municipales de Villeurbanne

3O1     Ruisseau de la Rize (1851-1891) ; Syndicat de la Rize (1886-1893)

1M135 Lavoir sur la Rize de Cusset : travaux de création (1865-1866)

 « Domanialité d’entretien sur ruisseaux : ruisseau de la Rize », Le Grand Lyon, septembre 1995 (cote AMV 2C1104)

 « La Rize : le trou de la Rize et la plage de Cusset par Francisque Sautel, la Rize dans les années 1960 par Monique Loeuillet, pique-nique au bord de la Rize par Lucette Navel, la Rize de ma jeunesse par Renée Mathevet ... », Quand les Villeurbannais racontent leur ville, OVPAR, fascicule n°4

(cote AMV : 2C603)


5 commentaires

  • momododo, 2 mars 2016 à 21h55Répondre
    enfant avec mes copains et mes cousins nous allons s'ouvent a la riz pour nous baigner il y avait beaucoup de sangsue et les poubelles et mes parent avait un jardin a cotez et le restaurent chez favier le dimanche pour manger la bonne friture
  • momododo, 20 mai 2016 à 11h19Répondre
    a pont des planches le restaurent favier a la rize /impert l'épicerie/ picatti/ le coiffeur sotto/ferréro le ferrailleur/ épicerie sanchez/ garcia puis robin boucherie/ madame leuriot école maternelle/ et le pere foix avec son ane chiffonier et peaux lapins chez uli cetait la caverne dalibaba/ madame macarie la marchande de glace qui habitais a cotez de chez mes parent chemin du taureaux/ familles fabulet a la rize et mejean a pont de cusset des gens du voyage /
  • momododo, 7 septembre 2016 à 22h31Répondre
    jai fait école pont des planche en 1953 a 1963 prof monsieur petit et aussi sa femme moi et mes cousin souvent punie j'ai fait enfant cœur a la chapelle st vincent paul a pont des planches
  • HERBEFOL, 16 février 2017 à 17h18Répondre
    Professeur à l'école des jeunes aveugles au 20 Louis Braille devenue rue Valentin Haüy de 1964 à 1983 j'ai connu la rize qui traversait la propriété parallèlement à la rue au pied de la balme qui va de la rue Jean Jaurès à la rue Valentin Haüy et qui arrosait le fameux ginkobiloba l'arbre aux feuilles d'or au pied duquel se nouaient quelques amourettes d'adolescents déficients visuels loin de chez eux étant pensionnaires durant l'année scolaire.Le site va accueillir le jardin Hugentobler.
  • Ladau, 19 août 2017 à 21h26Répondre
    Message destiné à HERBEFOL
    Bonjour. Je suis un ancien éleve de l'école de déficients visuels (1969/1975). Si vous lisez ce message et souhaitez confronter nos souvenirs, signalez vous par l'intermediaire de ce blog.

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