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Stade municipal Georges Lyvet

Le stade municipal Georges Lyvet est situé 35, avenue Marcel Cerdan dans le quartier de Cusset à Villeurbanne. Il constitue, avec le centre nautique Étienne Gagnaire et l’Astroballe, un pôle sportif de premier ordre pour l’agglomération lyonnaise. Pensé en 1929, inauguré le 31 mai 1931, en même temps que le centre nautique, le nom de Georges Lyvet, ancien résistant torturé à mort par les nazis lui fut donné en mars 1945. Il s’agit du premier stade municipal à Villeurbanne.

Vue aérienne du stade municipal le long du canal de Jonage (juillet 1933) (4Fi157)
Fête de la jeunesse de 1932 : mouvements d’ensemble au stade municipal (ph. Popineau) (4Fi234)
XXIVe fête de la Jeunesse : programme des festivités 30 mai 1964 (4R25)

Auteur(s) : Clément Bollenot, historien

L’origine du stade municipal

Dans Villeurbanne 1924-1934, 10 ans d’administration, Lazare Goujon le maire de l’époque évoque les raisons qui l’ont poussé à travailler à la réalisation d’un grand stade municipal. Il pointe alors un « manque cruel » de terrains où disputer les compétitions, pour les organisations sportives qui devaient s’en remettre « au bon vouloir de propriétaires terriens.»

Le projet du stade municipal s’inscrit plus largement dans une triple approche. D’abord, la mandature de Lazare Goujon, marquée par le projet des Gratte-ciel qui doit permettre à Villeurbanne d’affirmer l’image d’un autre centre-ville et non d’une banlieue périphérique pour se démarquer politiquement de Lyon[1]. Ce projet ambitieux ne se limite pas à créer un nouveau centre-ville à Villeurbanne. Il s’agit aussi de lui donner des infrastructures sportives, afin d’affirmer pleinement la particularité et l’autonomie de Villeurbanne par rapport à la voisine lyonnaise.

Ensuite, la période de l’entre-deux-guerres voit se développer le sport de masse. Peu à peu, cette pratique, jusqu’alors réservée à la haute société, se démocratise et le besoin d’espaces spécifiques s’intensifie. La loi Cornudet du 14 mars 1919 en obligeant les communes à repenser leur organisation spatiale, amène les municipalités à progressivement s’intéresser aux équipements sportifs[2].

La pensée hygiéniste, née au milieu du XIXe siècle, a également influencé le rapport au sport et au corps. Désormais la gymnastique ou l’athlétisme sont jugés nécessaires afin de conserver la santé et prévenir « la dégénérescence de la race »[3].

Il faut noter ici l’aspect pionnier de la démarche villeurbannaise. Hormis celui de Gerland, premier stade municipal de France (1913), le stade voulu par Lazare Goujon fait figure d’exception à l’échelle nationale. Le mouvement qui voit les villes se lancer dans un programme de construction d’équipements sportifs débute en effet au moment du Front Populaire (1936), à l’initiative des municipalités de gauche. Lazare Goujon a donc devancé la municipalisation du sport, amplifiée depuis 1982 et le mouvement de décentralisation.

Un équipement moderne

Le terrain retenu pour recevoir le stade est limité au nord par le Canal de Jonage, à l’est par les terrains concédés à la société des Forces motrices du Rhône et au sud, par le chemin dit du cimetière et les fortifications. Ce terrain a été exploité par intermittence comme carrière. Après des travaux de nivellement réalisés par des chômeurs, le chantier débute. L’aménagement concerne 18000 m² et 11500 m² de pelouse. Une piste de 360 m est réalisée, ainsi qu’un terrain de basket, de gymnastique et un sautoir. Outre des vestiaires et des toilettes, on y trouve une buvette. Les plans du nouveau « terrain de jeux » sont confiés à l’architecte villeurbannais Henri Chambon. Il dessine notamment les gradins qui sont adossés à un talus naturel, ce qui facilite la réalisation. Ceux-ci comptent 7000 places, auxquelles on peut ajouter 3000 places debout autour du stade, ce qui porte sa capacité à 10000 places. En une année, les travaux sont achevés et l’inauguration du 31 mai 1931 remporte un vif succès.

En 1932 la municipalité décide de couvrir une partie des gradins (environ 2800 places) pour les places d’honneur. La charpente métallique en tôle ondulée, étudiée pour avoir une possibilité d’extension, est posée en deux mois et au début de l’année 1933, ce chantier est terminé.

Le 4 mars 1945, en présence du maire Georges Lévy, le stade municipal est officiellement baptisé du nom de Georges Lyvet, hommage à cet ouvrier villeurbannais, amateur de sports qui fut  résistant au sein des  Francs-Tireurs Partisans et assassiné par les nazis à l’hôpital de la Croix-Rousse.

En 1964, les vestiaires sont réaménagés pour répondre aux exigences des compétitions officielles. En 1975, la couverture des tribunes est étendue et le stade est doté de nouveaux projecteurs. Enfin, entre 1982 et 1984, la pelouse est remise à neuf et un nouveau terrain d’entraînement est ajouté vers le nord.

Utilisations

Le stade municipal accueille depuis l’origine des manifestations sportives. Entre 1931 et 1966, il a également accueilli les grandes fêtes laïques de la Jeunesse. Instaurées en 1925 afin de permettre aux enfants de l’École Sportive Populaire d’effectuer de grands mouvements d’ensemble, celles-ci se déroulaient, jusqu’alors, au parc de la Ferrandière. Organisées au début de l’été par la municipalité au profit de la Caisse des Écoles Publiques et de l’Œuvre villeurbannaise des Enfants à la Montagne (OVEM), ces fêtes avaient lieu le temps d’un après-midi. Les élèves de primaire et de maternelle des écoles de la ville présentaient à cette occasion des démonstrations sportives : exercices rythmiques, jeux et mouvements avec bâtons, pyramides. On pouvait voir aussi des danses d’inspiration soviétique.

Ces manifestations témoignent d’une époque où s’ancre profondément l’idée de l’importance des exercices sportifs dans le développement et la santé des enfants. Ces fêtes connaissent à Villeurbanne un véritable succès populaire et sont suivies par de nombreuses personnalités locales. Le maire est ainsi présent avec son équipe, bien souvent en compagnie d’élus des communes alentour. Ainsi, en 1935, on note la présence du secrétaire régional du PCF, du secrétaire régional des Jeunesses communistes, des présidents de patronages et amicales ainsi que des membres du corps enseignant.

Actuellement, si toutes les associations sportives de la commune peuvent accéder à ce stade, il accueille principalement l’ASVEL Rugby ainsi que le Lyon-Villeurbanne Rhône XIII (club de rugby à 13). Pour optimiser le fonctionnement des deux clubs, des travaux ont récemment été effectués. En mars 2012, un nouvel espace d’accueil est inauguré afin d’accueillir spectateurs et partenaires. Le stade est également entièrement rénové à cette occasion. Le buste de Georges Lyvet est notamment remis à neuf. Le 14 juin 2013, Jean Paul Bret, en présence de la fille de l’ancien résistant, inaugure une nouvelle plaque posée au fronton : « A la mémoire de Georges Lyvet, alias Jean Rolland (1906-1944) ».



Notes

[1] CLEMENCON (Anne-Sophie) (dir.), Les Gratte-ciel de Villeurbanne, Les éditions de l’imprimeur, 2004, p. 15-17.

[2] TERRET (Thierry), Histoire du sport, PUF, 2007, p. 60.

[3] Ibidem, p. 28.


Bibliographie

Clémençon (Anne-Sophie) (dir.), Les Gratte-ciel de Villeurbanne, Les éditions de l’imprimeur, 2004, 240 p.

Terret (Thierry), Histoire du sport, PUF, Que sais-je ?, 2007, 126 p.

Terret (Thierry), « La piscine d’hiver du Palais du Travail, un outil d’hygiène sociale », Le Palais du Travail, un projet social et politique innovant, catalogue d’exposition, Le Rize, 2011, p. 60-65.


Sources

Archives municipales de Villeurbanne :

1M73 : plans généraux du complexe sportif (1929), Henri Chambon, architecte.

1M74 : terrain destiné au stade : note (5/12/1930). Couverture du stade : plans, factures, devis, cahier des charges (1933).

1M76 : Travaux divers (1950-1985) : nouveaux vestiaires (1964), aménagement des tribunes, extension de la couverture, éclairage (1975).

318W63 et 64 : travaux et réaménagement du stade (1964-1995).

1Z66 : fêtes de la Jeunesse : programmes des animations (1930-1939).

4R25 : fêtes de la Jeunesse  (1960-1966) : 30 mai 1964, 24e fête laïque de la Jeunesse : programme complet, carton d’invitation à la XXIVe fête laïque de la Jeunesse des écoles publiques de Villeurbanne. 4 juin 1966 : 25e Grande fête de la Jeunesse : programme complet, descriptif des mouvements effectués.

4C601 : coupures de presse (1931-1936).

14Z91 : coupures de presse (1957-1988).

Sources imprimées :

 Goujon (Lazare), Villeurbanne 1924-1934, 10 ans d’administration, Association typographique lyonnaise, 1934.

« Éducation Physique de la Jeunesse, XIIe Fête Populaire d’Été », Bulletin Municipal Officiel ville de  Villeurbanne, juin 1936, p. 2985.

« Inauguration du stade Georges Lyvet », Bulletin Municipal Officiel ville de Villeurbanne, avril 1945, p. 4805.

 Articles de presse :

 « Inauguration du stade de Villeurbanne », Lyon Républicain, 31 mai 1931.

« La fête de la Jeunesse », Lyon Républicain, 1er juillet 1935.

« La Fête de la Jeunesse à Villeurbanne », Lyon Républicain, 29 juin 1936.

« Cet après midi, au Stade Georges Lyvet, 4000 élèves à la grande fête de la Jeunesse », Le Progrès de Lyon, 26 mai 1962.

« La grande fête de la Jeunesse a connu un énorme succès », Dernière heure lyonnaise, 27 mai 1962.

« Au stade Georges Lyvet, sous la présidence de M. Gagnaire : triomphal succès populaire de la XXIVe fête d’été de la Jeunesse suivie par plus de huit mille personnes », Le Progrès de Lyon, 31 mai 1964, p. 8.

« Au stade Georges Lyvet : du plus petit au plus grand… Les enfants des écoles ont animé avec bonheur la grande fête de la jeunesse », Dernière heure lyonnaise, 31 mai 1964.

« Un réaménagement complet », Lyon Matin, 12 septembre 1984.

« Le stade Georges Lyvet décapé et rénové », Le Progrès de Lyon, 14 juillet 2012.

« Stade Georges Lyvet, un nouvel espace de réception », Viva, magazine municipal de Villeurbanne, avril 2012, p. 4.

« Georges Lyvet, héros de la Résistance », Viva, magazine municipal de Villeurbanne,  juillet-août 2013, p. 8.


Thèmes : Sport et loisirs

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