L'histoire de Villeurbanne

Introduction

vue aérienne des Gratte Ciel], 10 montée du Chemin Neuf, Lyon, Ed. J. Cellard, avant 1949. Carte postale à partir d'une photographie. Archives municipales de Villeurbanne / le Rize, 2 Fi 471.

Sans une volonté politique affirmée depuis le XIXe siècle, Villeurbanne, telle la Croix Rousse, la Guillotière ou Vaise, aurait pu perdre son autonomie communale pour devenir un arrondissement de Lyon. Elle ne l’est pas et la commune est bien la seconde ville du département par l’importance de sa population après Lyon.

Cependant, le géographe qui analyse l’espace de l’agglomération lyonnaise, ne s’y trompe pas. Le phénomène de désindustrialisation qu’a connu la première couronne de banlieue à partir des années 1960, la mise en service de la première ligne de métro en 1978 et l’augmentation du prix de l’immobilier encore en cours en 2008, ont fait de Villeurbanne un espace du centre de l’agglomération lyonnaise.

Du village à la banlieue industrielle

Pendant le XIXe siècle, la commune rurale du Dauphiné se transforme rapidement, telle une ville champignon, en une commune de banlieue industrielle, populaire et ouvrière. En 1801, la commune de Villeurbanne compte, selon les chiffres du recensement, 1896 habitants. Elle appartient, comme tout l’est du Rhône, au département de l’Isère. Le village est regroupé autour de l’église Saint-Julien de Cusset. Le Rhône constitue une véritable frontière entre Lyon et le Dauphiné. Les terrasses de cailloutis du Rhône, inondables,marécageuses à l’est du fleuve, ont bloqué l’extension de la ville de Lyon jusqu’au XVIIIe siècle.

Un second hameau existe autour du quartier des Charpennes, qui se développe dans les années 1830 grâce à l’implantation d’un tissu de petites entreprises.

Entre Cusset et les Charpennes, le reste du territoire communal est occupé par des champs. L’histoire de Villeurbanne est ensuite celle d’une commune rurale qui s’étend grâce à la proximité immédiate de la grande ville voisine.

Comme le quartier des Brotteaux au début du XIXe siècle, dont le développement avait été permis par les travaux de Jean Morand au siècle précédent, l’urbanisation se poursuit sur la rive gauche du Rhône à Villeurbanne.

La présence de la Rize, petit cours d’eau qui serpente sur le territoire communal pour se perdre dans des marais du côté de l’actuel quartier Général Frère va permettre l’installation d’entreprises industrielles : teintureries, tanneries, soieries, entreprises chimiques vont utiliser ses eaux de très bonne qualité.

La construction précoce de la centrale hydroélectrique de Cusset à partir de 1892 permet la fourniture d’électricité aux tramways et aux usines de Villeurbanne et de Lyon.

Croissance de Villeurbanne, 1931. Extrait de l'ouvrage Villeurbanne, 1924-1934, ou 10 ans d'administration. Archives municipales de Villeurbanne / Le Rize, 2 C 18.

La commune s’agrandit : presque 3 000 habitants en 1836, 9 000 habitants en 1876, puis 21700 vingt ans plus tard. La population atteint 42 000 habitants à la veille de la Première Guerre Mondiale.

Usines, ateliers et ouvriers occupent l’espace rural de Cusset à Charpennes et à Maisons Neuves. L’industrie textile, la construction mécanique, l’industrie chimique se développent, branches industrielles qui font la fortune de l’agglomération lyonnaise. Petits ateliers et grandes usines se mêlent.

On a ainsi un résumé de toute l’histoire de l’industrialisation en France : en 1889, les Gillet édifient une usine de teinture sur 16000 m² de terrain en pleine campagne. A côté de l’usine, sont construits des logements pour les ouvriers. Comme les Michelin à Clermont-Ferrand ou les Schneider au Creusot, les Gillet s’attachent leurs ouvriers par une politique paternaliste.

Les origines de la population villeurbannaise

Les ouvriers qui affluent sur la ville viennent du monde rural environnant mais aussi de l’étranger : Italiens, Polonais, Allemands, Suisses. En 1872, les étrangers représentent 3% de la population, un peu plus de 4% en 1911, pour atteindre jusqu’à 16,6 % en 1931. Cette population ouvrière va participer à toutes les luttes sociales du XX e siècle : grèves de 1919, 1936 et 1968.