La population de Villeurbanne (1790-2005)

Activité pédagogique

 

Il est nécessaire de préciser l’origine des chiffres proposés : de façon générale, en France, les chiffres de population que l’on connaît, sont jusqu’en 1789 des estimations établies par paroisse à partir des registres de catholicité. Le curé tient de façon précise des registres des baptêmes, mariages et sépultures catholiques de la paroisse, depuis la fin du XVIe siècle. L’état civil laïc ne naît qu’avec la Révolution française.

Les chiffres donnés ici de 1801 à 1990, sont issus des recensements généraux de la population française organisés tous les cinq ans (années en 1 et en 6 en général) à partir du Consulat. Ces recensements permettent de connaître, par famille et par rue, la composition exacte des foyers, la profession des chefs de famille, les dates et lieux de naissance. On y trouve aussi des indications pour les périodes récentes sur l’état sanitaire du logement et bien d’autres renseignements très précieux comme le niveau scolaire. Les questionnaires sont différents selon les recensements. La notion de population légale correspond à la population recensée disposant d’un logement déclaré sur la commune à la date du recensement.

À partir de celui de 1886, il est possible de repérer la part de la population étrangère dans la population de la commune. Faire remarquer aux élèves que si leur nombre n’est pas indiqué dans le tableau, cela ne signifie pas forcément que les étrangers sont absents de Villeurbanne avant 1886, mais que, tout simplement, la donnée est absente dans la source elle-même. C’est un moyen de développer leur esprit critique.

Il est aussi possible de proposer aux élèves un tableau allégé en ne retenant que quelques années, choisies de façon à mettre en évidence le rythme de croissance élevé : 1806, 1836, 1866, 1886, 1901, 1921, 1936, 1946, 1990, 2005.

D’un point de vue méthodologique, faire construire un graphique à partir du tableau est possible en mathématique, mais prend du temps et suppose une coïncidence avec la programmation de mathématique. Le programme de mathématique de 2008 comprend ce point pour le cycle 3. On peut aussi tout simplement faire travailler les élèves sur le graphique établi par le maître lui-même.

Dans les compétences à atteindre à la fin du cycle 3 dans le pilier correspondant à la culture humaniste, il est aussi demandé de familiariser les élèves à la lecture et l’utilisation de différents langages : cartes, croquis et aussi graphiques.

Il semble préférable pour des élèves de cycle 3, de travailler sur les chiffres bruts plutôt que sur des pourcentages. La lecture d’un graphique est un exercice difficile et il est bien évident que le questionnement et le guidage du maître doivent être importants.

Croissance de la population villeurbannaises, extrait de l'ouvrage d'Alain Belmont, Villeurbanne 2000 ans d'indépendance, Grenoble, Glénat, 2015

Le graphique permet de repérer les rythmes de croissance : 1790-1881, la population augmente mais de façon modérée. La mise en relation avec les espaces urbanisés sur les cartes peut permettre de mieux comprendre le phénomène.

De 1881 à 1926, la courbe s’envole et la croissance est très forte. Le maître peut expliquer aux élèves que toutes les communes, en France, à proximité des grandes villes comme Paris, Lille, connaissent le même phénomène. Il s’agit de la constitution, en lien avec le développement de l’industrie de ce que l’on nomme la première couronne de banlieue.

Entre 1926 et 1954, la croissance est moindre, conséquence des deux guerres. De façon générale, la population française, dans la période de l’entre-deux-guerres, subit un ralentissement de croissance. Mais surtout, la croissance de la population de l’agglomération se fait dans les communes voisines qui disposent de plus d’espaces libres : Vénissieux, Bron dans le cas de Lyon/Villeurbanne.

La période 1954-1968 qui voit de nouveau croître la population, correspond à la période d’explosion urbaine d’après la Seconde Guerre mondiale, avec le baby boom mais aussi le phénomène d’exode rural auquel s'ajoute, dans le cas villeurbannais, l’arrivée de nombreux rapatriés d’Afrique du Nord.

Pour l’école élémentaire, permettre aux élèves de dégager les différentes phases sur la courbe, c’est-à-dire savoir lire la courbe, est déjà un objectif ambitieux. Faire calculer des rythmes de croissance, même pour des élèves de CM2 qui ont déjà étudié, en mathématique, la proportionnalité et les pourcentages, est trop difficile.