Les métiers industriels

Les registres matricules

Les archives municipales conservent certains registres matricules des écoles de Villeurbanne lorsque celles-ci les ont versés.

Ceux qui sont disponibles pour la période 1900-1920 permettent de dresser un tableau des professions des Villeurbannais. Plusieurs remarques s’imposent.

La lecture de ces listes montre une domination écrasante du monde de l’industrie, des artisans, des boutiquiers. On peut être frappé par la faible représentation des familles bourgeoises.

Certes, Villeurbanne est une commune ouvrière, mais elle compte aussi dans sa population des familles appartenant aux catégories plus riches : professions libérales (médecins, avocats), commerçants aisés, chefs d’entreprises.

Les registres matricules des écoles primaires en comptent très peu. Pour voir leur importance réelle et leurs lieux d’habitation, il faudrait se référer aux registres de recensement qui permettent ainsi de dessiner une géographie sociale de la commune (par exemple, les maisons bourgeoises sont nombreuses le long de l’actuel boulevard Eugène Réguillon).

En effet, l’école primaire scolarise de 1880 à la seconde guerre mondiale majoritairement les enfants du peuple et donc à Villeurbanne les enfants d’ouvriers.

Les enfants de la bourgeoisie fréquentent y compris pour l’enseignement élémentaire les lycées. En effet, ces établissements comprennent des classes primaires et maternelles, payantes (de la 11e à la 7e) qui ne préparent pas du tout au certificat d’études mais permettent ensuite une poursuite d’étude en 6e. Le lycée du Parc, ouvert en 1914 en comporte jusqu’en… 1962. Ceci ne concerne que les garçons.

Une partie aussi est sans doute scolarisée dans les écoles privées villeurbannaises.

Les métiers industriels

Les métiers recensés montrent ainsi une domination importante de l’industrie textile et de la métallurgie. Ils nous donnent d’autre part une vision peu connue d’un monde industriel qui suppose une spécialisation très forte des emplois. En dehors du côté inconnu et surprenant des noms recensés, le travail industriel se caractérise à cette époque, et cela jusqu’à la période des Trente Glorieuses avec le travail à la chaîne et le taylorisme par une demande forte en emplois très qualifiés. L’ouvrier de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle a acquis, par un apprentissage et une longue pratique, une qualification et une spécialisation très grande avec une hiérarchie dans ce monde ouvrier. La dévideuse est peu qualifiée et donc moins payée que le metteur en carte qui est un véritable artiste, rendant possible le fonctionnement du métier Jacquard. Les hommes sont en général mieux payés que les femmes car plus spécialisés. On connaît mieux cette hiérarchie ouvrière pour le monde de la mine mais elle existe aussi pour le textile et la métallurgie.

On trouve au bas de l’échelle, les métiers proches du manœuvre, souvent féminisés pour le textile, peu recherchés par les industriels. Les emplois les plus qualifiés tels que les forgerons ou les fondeurs dans la métallurgie, qui demandent un apprentissage long, sont mieux payés.

Un travail permettant d’établir cette hiérarchie est trop difficile pour les élèves du cycle 3. Il est par contre facile de leur faire prendre conscience de la spécialisation des métiers : celui qui tisse la soie, ne tisse pas le chanvre, celui qui travaille la soie grège ne travaille pas dans la passementerie.

On peut aussi leur faire découvrir des métiers qui ont complètement disparu.