Un certain 11 novembre
Témoignage par Germaine Berlioz
Extrait de "Quand les Villeurbannais racontent leur ville" n°11 : "1934-1994 - Les Gratte-Ciel ont soixante ans", mai 1994.
Et je me suis souvenu de cette année 1918.
J'avais 9 ans, j'étais très jeune à cette époque mais je n'ai pas oublié ce 11 novembre là.
Pendant cette guerre mes parents, habitants de Tarare, avaient immigré à Villeurbanne pour rejoindre mon père. Celui-ci blessé en 1915 n'avait pas encore été démobilisé, mais après guérison, transféré pour travailler à l'usine d'armement de Gerland.
La famille réunie avait trouvé à se loger place Grandclément. Dire l'émotion de mes parents n'est pas possible.
Villeurbanne ne suffisait plus, il fallait voir ce qui se passait ailleurs et mon père dans la soirée décidait qu'on irait voir à Lyon et c'est surtout de Lyon dont je me souviens le plus.
Rue de la République, c'était la cohue, mon père ayant juché ma petite sœur sur ses épaules essayait de fendre la foule, et moi ne lâchant pas la main de ma mère, nous suivions péniblement. Des gens s'embrassaient sans se connaître, des groupes se formaient et avançaient en chantant, c'était une foule énorme, en joie que je garde en mémoire. Vers minuit, soûls de bruit nous sommes rentrés dans notre Villeurbanne avec un des derniers trams.
J'ai débordé sur Lyon mais cette ville pour les Villeurbannais est une si proche voisine, c'est la porte à côté de la nôtre.
Cette petite tranche de vie n'est bien sûre pas spécialement de notre ville, elle est hélas mondiale mais j'ai pensé que l'important c'est de noter pour nos petits-enfants ce qu'a représenté ce 11 novembre 1918 pour nous, leurs grands-parents, la fin de cette guerre cause de tant de malheurs en plus de toutes celles qui remplissent leurs livres d'histoire.
Et pourtant ! Tout a bien vite recommencé en 1944. Dans le futur qu'est-ce qui attend nos descendants ?
Le monde est décidément bien stupide !