LA GRAINE ET LE BITUME

Léonard Lille

La ville est un espace artificiel qui s’est construit « contre » le végétal, particulièrement à Villeurbanne, terre agricole devenue en moins d’une centaine d’années un territoire entièrement urbanisé. Or, la nature a ses propres lois qui ne font pas forcément bon ménage avec celles de la ville. Inondations, mauvaises herbes, rues boueuses ou poussiéreuses ont finalement disparu du paysage à force de grands travaux d’aménagement. Cette volonté de tout ordonner s’est traduite par une mise en ordre croissante de la cité, dans un souci hygiéniste, sécuritaire ou esthétique. La réglementation a banni les implantations anarchiques et s’est mise à contrôler sévèrement alignements et hauteurs, couleurs et matériaux, surfaces et odeurs. Certes, l’urbanisme régulateur a toujours laissé un peu de place à la nature, mais de façon maîtrisée, pour tenter de déjouer son caractère évolutif et imprévisible. Aujourd’hui, dans un contexte écologique critique, citoyens, urbanistes, associations militantes pour l’environnement et institutions locales s’accordent sur la nécessité d’aménager le territoire urbain en favorisant l’épanouissement de la biodiversité existante : considérer à la fois la nature dans la ville et la ville dans la nature. Au delà d’un regard rétrospectif, le Rize vous propose une réflexion sur ces enjeux liés à la place du végétal dans l’évolution territoriale et sociale de Villeurbanne, que ce soit l’histoire de l’agriculture et du maraîchage, l’évolution des parcs et jardins dans la ville, les patrimoines végétaux et la biodiversité ou encore les nécessaires adaptations actuelles au contexte de changement climatique planétaire ou de densification urbaine.