Terre de liberté
Sous l’Ancien Régime et jusqu’à son rattachement au département du Rhône en 1852, Villeurbanne constitue une exception : celle d’une banlieue échappant à la réglementation et au contrôle de la ville centre. Cette frontière qui s’inscrit dans le temps long a des effets sur le plan économique : les faubourgs des Charpennes et des Maisons- Neuves se développent à la fin du 18 e siècle grâce à une fiscalité avantageuse. Mais elle a aussi des effets en matière de police : la franchir pour rejoindre Villeurbanne permet de de se mettre à l’abri, quand on tombe sous le coup de la loi lyonnaise, que l’on soit malfrat, protestant ou canut en lutte. Cette situation fait de Villeurbanne notamment de ses deux faubourgs contigus à Lyon, une zone propice à l’organisation de mouvements contestataires. Grenoble, la capitale du Dauphiné, devenue préfecture de l’Isère après la Révolution, s’avère bien éloignée, à deux jours de cheval, pour exercer un contrôle efficace sur ces faubourgs de Lyon. Les Charpennes sont ainsi le point d’ancrage des révoltes des canuts, celle de 1786, mais aussi celles de 1831 et 1834.
Cette géopolitique spécifique fait donc de Villeurbanne à la fin de l’Ancien Régime et durant la première moitié du 19 e siècle une terre de liberté et un creuset de rébellions. C’est pourquoi les autorités Lyonnaises s’efforcent dès la fin du 18 e d’annexer Villeurbanne la Dauphinoise. À défaut d’y parvenir et suite à la révolte de 1831, le Préfet du Rhône propose l’annexion au Rhône. C’est Napoléon III, échaudé par la forte implication de la banlieue est de Lyon en 1848, qui prononce cette annexion le 24 mars 1852 : Vénissieux, Bron, Vaulx-en-Velin et Villeurbanne sont ainsi rattachées à la préfecture du Rhône.