L'instrument dans l'espace public

Activé pour accompagner les rites, mettre en mouvement les corps, rythmer la vie sociale, l’instrument de musique a pour fonction première de mettre en relation.

Il est ainsi présent de longue date du côté du pouvoir, qu’il soit de nature religieuse (sistre, cloche, tambur…), militaire (tambours, fanfares…) ou politique (les cuivres de la garde républicaine, l’orgue républicain de l’hôtel de ville …). Plus largement, l’instrument de musique contribue à rassembler, à mettre en scène les groupes sociaux, qu’ils soient construits sur les liens familiaux (lors des mariages…), sur les liens culturels ou communautaires, (dans les clubs de salsas…), sociaux (à l’opéra…) ou selon les classes d’âge (le groupe de rock…).

Que ce soit dans des cadres institutionnalisés et professionnels (programmation de cinémas, de cafés et guinguettes, de salles de concerts, enseignement dans des harmonies et écoles de musique…) ou lors de manifestations plus spontanées et amatrices, la fête de la musique étant au croisement des deux,  les instruments de musique tendent à se regrouper en quatuors, big bands, batucadas, groupes, fanfares, crews, orchestres… et à réunir autour d’eux danseurs et auditeurs. Volontiers grégaires, les instruments de musique s’accordent, construisent l’espace public et rythment la vie de la cité. Comme en témoignent la demande croissante de pratique instrumentale et l’attractivité des concerts, l’instrument « vivant » et socialisé, y compris sous forme électronique, est encore loin d’être remisé par l’écoute musicale individuelle, aussi répandue soit elle.