Lyres du monde

Citare (c) Costanza Matteucci

La lyre, la cithare et plus tard la harpe comptent parmi les plus anciens instruments de musique dont on ait pu attester l’existence. On considère que ces instruments à cordes pincées sont des descendants de l’arc musical, simple détournement sonore d’une arme : l’arc à flèches. Arc musical que l’on discerne encore aujourd’hui dans le berimbau, sorte de lyre monocorde, icône de la capoeira brésilienne.

Lyres et cithares antiques, psaltérions médiévaux et harpes modernes ont donc un ancêtre guerrier. Apollon, dieu grec de la musique, de la poésie et de la lumière, avait d’ailleurs pour attributs à la fois l’arc à flèches et la lyre, véhicule de la parole humaine vers le divin. Le chant étant indissociable de la poésie dans l’Antiquité grecque, la lyre finit par symboliser la musique chantée : c’est ainsi que l’on commença à parler d’art lyrique.

La famille des lyres, cithares et harpes rassemble ainsi des instruments aux formes, aux sonorités et aux modes de jeu fort distincts. Certains, comme le masenqo ou la lyre krar, sont joués à la verticale, sur des cordes symétriques. D’autres, comme la cithare tyrolienne ou le qanûn, le dan tranh vietnamien ou la valiha malgache, ou même le piano (dont la forme s’apparente à une cithare sur table mécanisée) sont joués à l’horizontale. Enfin, certains instruments ont des formes mixtes, comme la kora mandingue qui est considérée comme une harpe-luth. Dans leur grande diversité, tous ces instruments ont en commun d’être des compagnons privilégiés des chanteurs, conteurs, poètes et messagers des cinq continents.