Coexister
Les minorités religieuses
Les expressions « remarquables » des croyances sont vécues au mieux comme une source de curiosité, au pire comme une provocation. Quand les croyances sont minoritaires, les signes ostensibles sont souvent vus comme ostentatoires.
Les mouvements religieux minoritaires peuvent poser une question d'ordre public. Pour autant, les chercheurs sont mal à l’aise avec la notion de secte, refusant d’établir des hiérarchies entre anciennes religions majoritaires et nouveaux mouvements spirituels, mêmes marginaux. La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, créée en 2001) a renoncé elle-même à la notion de secte, pour lui préférer la notion de dérive sectaire, définie comme un « dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l'ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes ».
Le caractère minoritaire peut évoluer. Dans le cas de l'Islam, la pratique religieuse des premiers immigrants a d’abord été reléguée dans une pièce aménagée d’un foyer d’immigré ou dans un bâtiment existant, garage ou entrepôt, transformé en mosquée. La société française a vécu en conséquence la peur de l’Islam « des caves » autant que le rejet des « prières de rue ». Ce qui est perçu parfois comme de la provocation est souvent une situation due au manque de place en rapport avec le nombre croissant de musulmans dans la société française (le Conseil français du Culte musulman fait le constat qu’à ce jour 850 000 personnes seraient pratiquantes pour 300 000 m² seulement de lieux de culte). Aujourd’hui seconde religion nationale, mieux représentée du point de vue institutionnel, l’Islam de France entend se faire une place dans un paysage religieux « officiel » et construire des mosquées plus grandes, plus visibles et plus centrales. Les musulmans sont d'ailleurs surtout confrontés à la difficulté de rassembler les fonds nécessaires à la construction. Les courants évangéliques, plus récemment arrivés, méconnus et donc inspirant méfiance aux voisins et aux municipalités, rencontrent actuellement plus d’obstacles à l’implantation de nouveaux lieux de cultes.