Cohabiter avec son instrument

Julien O. © Bertrand Gaudillère / Item

À la maison, l’instrument de musique n’est pas un objet tout à fait comme les autres. Quand il est joué, deux grandes options s’offrent au musicien. Le garder soigneusement dans sa housse, dans un placard, à l’abri de la poussière et des chocs du quotidien. Ou le laisser trainer sur le canapé, trôner dans le salon, à portée de main et sous le regard. La taille de l’instrument peut limiter la marge de manœuvre : un balafon, a fortiori un piano, véritable instrument-meuble, c’est difficile à escamoter. Mais selon qu’il est positionné dans une chambre ou dans une pièce commune, son usage et son rayonnement ne seront pas les mêmes. Comme tout objet personnel, l’instrument peut servir à marquer son territoire : étaler ses guitares ou placer un piano droit au milieu du salon, c’est une manière de revendiquer sa place dans le logement et dans la famille.

Quand il n’est plus joué, l’instrument ne disparaît pas forcément : une clarinette obsolète fait un bel objet de décoration. Souvenir de voyage ou héritage familial, l’instrument devient objet de vitrine ou d’accrochage. Le détournement va parfois plus loin lorsque le piano devient bar ou le djembé table de nuit. Un instrument peut servir à toute autre chose qu’à faire de la musique, surtout s’il est beau et porteur de souvenirs. 

Cantonné à la sphère de l’intime il arrive que l’instrument étouffe : au Tonkin, un musicien professionnel formé à l’Ecole nationale de Musique a dû faire prendre l’air à sa trompette tous les soirs après 20 heures, durant le confinement.

 

 Avec les voix et les instruments de Djamila B., Marguerite C., Ismaïl M., Muriel L.