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Le vote des femmes

 Engagenent pour le vote des femmes : élection des conseillères municipales privées en 1935

Pionnière pour avoir instauré le suffrage universel masculin en 1848, la France est inversement l’une des dernières démocraties occidentales à avoir accordé le droit de vote aux femmes en 1944. Dès la fin du 19e siècle, des femmes s’engagent pour l’égalité devant le vote, mouvement qui est progressivement relayé par des forces politiques de gauche.Les quatre conseillées de M. Goujon À Villeurbanne, dès 1912, le Conseil municipal présidé par Jules Grandclément demande solennellement le droit de vote pour les femmes. L’initiative villeurbannaise est immédiatement saluée par la représentante lyonnaise de l’Union française pour le suffrage des femmes : « Si nous obtenons un jour gain de cause, nous n’oublierons pas que la municipalité actuelle de Villeurbanne a été des premières à nous aider ».Après-guerre, si la Chambre des députés se prononce plusieurs fois pour le droit de vote des femmes, le Sénat fait obstruction. Pour des raisons à la fois idéologiques (Villeurbanne comme laboratoire démocratique) et opportunistes (attirer les électeurs favorables au vote des femmes) le maire Lazare Goujon propose à son Conseil le 8 avril 1935 d’élire quatre conseillères, en plus de leurs collègues masculins, aux prochaines élections municipales. Des « conseillères privées » qui ne siègeront pas, puisque la loi l’interdit, mais qui participeront aux principales commissions, notamment dans les domaines de la santé, des équipements municipaux et des finances. Le 12 mai 1935 les Villeurbannais votent une première fois pour désigner les membres du Conseil municipal officiel puis déposent dans la foulée leur bulletin pour élire les « conseillères privées ». Trois listes féminines sont présentées, une soutenue par la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), une par le Parti communiste et une troisième liste située au centre. Dans la foulée de la victoire du communiste Camille Joly, ce sont quatre conseillères communistes qui sont élues avec près de 4 000 voix. L’expérience villeurbannaise est alors largement commentée et connaît un retentissement national.

 

 

Caricature du Journal de Guignol à propos de l’élection de conseillères municipales, 1935, DR.