La tradition socialiste
Un homme sans instruction est un soldat sans munitions ! Affiche de l'Université populaire de Villeurbanne, entre 1936 et 1939. AMV / Le Rize, 8 Fi 246.
Cet idéal de l’éducation « populaire » d’abord porté par les Républicains dans leur lutte contre l’Église catholique, est repris également par la tradition socialiste à partir des années 1930.
« Ce courant, porteur dans l’entre-deux-guerres de nouveaux idéaux pour la jeunesse alors naissante en tant que catégorie démographique, concourant à l’établissement d’un nouveau rapport à la culture, s’est fortement institutionnalisé au sein même de l’administration étatique après la Seconde Guerre mondiale, puis s’est trouvé en outre validé, durant les Trente glorieuses, par deux renforts de poids. D’une part, la réussite même de l’État social, qui amoindrit les effets de l’individuation et autorise des espoirs de mobilité sociale, d’autre part, par la force du mouvement ouvrier, partenaire négociateur de l’État social. (…) La réussite de l’Éducation populaire est inséparable des engagements du syndicalisme ouvrier et d’une forte partie des enseignants. C’est dans cette conjoncture qu’idéal républicain et progrès social se trouvent alors quasiment coïncider.
Après la fin des Trente glorieuses, tout se défait (…) Culte de la performance, personnalisation des rapports sociaux, affaiblissement des conventions collectives, déclin des organisations syndicales, sentiment d’insécurité sociale, chacun se trouve renvoyé à son destin individuel. (…) Ce sont des voies de la socialisation politique qui disparaissent en même temps.»
Jacques Ion, S’engager dans une société d’individus