A l'écoute de Villeurbanne

extraits d'entretiens menés par le CMTRA

Ce projet est d'abord le fruit d'une collaboration patrimoniale entre le Rize et le CMTRA (Centre des musiques traditionnelles Rhône-Alpes) qui a permis d'enrichir le fonds des archives de la ville et de donner au Rize matière à écouter et à valoriser au sein d'une exposition mais aussi à l'occasion de nombreuses soirées mêlant musiques et témoignages.

La Collecte

Une berceuse judéo-espagnole, un morceau de mariage marocain, des chants andalous, siciliens, chiliens ou kurdes, des prières ou invocations de cérémonies soufis, juives ou orthodoxe ukrainienne, du doudouk arménien, du tanbûr kurde, du tapan bulgare ou des tablas indiennes… Voilà ce que l’on peut entendre lorsque l’on part à la recherche des paysages intérieurs de la ville de Villeurbanne.

Pour aller à la rencontre de ces mondes musicaux, de ces réalités sonores des habitants de la ville, la démarche de recherche mise en œuvre par le CMTRA est fondée sur un travail de terrain de type ethnographique et sur le collectage de témoignages musicaux dans leur contexte habituel d’expression. Inscrite dans le temps long, cette approche rend possible l’immersion et une connaissance approfondie du terrain, ainsi que la mise en place de relations de confiance.

Guidée à la fois par la connaissance des esthétiques musicales et des cadres sociaux d’expression, par l’intuition et les choix affinitaires du collecteur, la collecte musicale est une démarche subjective et partielle. Au-delà de ses orientations de départ, elle se construit sur le terrain, au fil des rencontres et des vécus partagés.

L’intérêt pour les musiques "migrantes" est né d’un constat. L’expérience migratoire semble mobiliser la musique de manière particulièrement importante. La pratique, l’expression, la remémoration musicales semblent propices à la création d’une relation symbolique, d’un sentiment d’inscription culturelle, malgré la coupure géographique. Les musiques populaires et de tradition orale accompagnent les personnes dans la migration sans doute du fait de leur dimension collective et créative et de la place laissée à l’individu dans le processus de réappropriation.