Hautbois du monde

Hautbois baroque (c) Costanza Matteucci

Quel est le contraire d’un instrument à anche libre ? Un instrument à anche double ! Ces instruments à vent produisent un son puissant grâce à la vibration de deux lamelles, liées l’une à l’autre : elles peuvent être pincées entre les lèvres du musicien, comme c’est le cas pour le hautbois moderne ou le duduk arménien ; ou bien maintenues à l’intérieur d’une chambre à air que l’on appelle « capsule », comme pour le basson.

Les origines du hautbois remonteraient à l’aulos de la Grèce Antique, une flûte aux formes variables ayant voyagé à la faveur des échanges commerciaux sur les routes de la soie. Parmi ses descendants : le suona chinois ou encore le hichiriki japonais. S’en suivront des dizaines de ramifications attestées ou supposées, nous conduisant vers le shanaï indien, la zurna anatolienne, la ghaïta arabe ou encore la bombarde bretonne.

L’embouchure en anche double n’est pas le seul point commun des hautbois et de leurs aïeuls. Bien avant de se faire connaître sous les traits d’un canard au destin malheureux dans le Pierre et le loup de Prokoviev, le hautbois était un instrument de fête, principalement joué en extérieur, un contexte de jeu maintenu vivace de nos jours par les hautbois populaires. Adopté par les cours européennes sous l’Ancien régime, le hautbois moderne disparut peu à peu de l’espace public, pour devenir un instrument d’orchestre aux multiples nuances.