Une maison bourgeoise :
Villa Lafont, 1921
Cette étonnante villa en béton armé située à la Ferrandière, est aujourd’hui protégée au titre des monuments historiques. Elle a été construite par Adolphe Lafont à côté de son entreprise de fabrication de vêtements de travail. Aujourd’hui démolie, l’usine a fait place au collège Louis Jouvet.
La villa Lafont renferme des survivances de la tradition italienne et de l’Art Nouveau de la fin du 19e siècle ; par exemple le peu de lien avec le jardin (une seule porte sur l’extérieur, un étage d’habitation rehaussé, des vitraux qui font écran entre l’extérieur et l’intérieur). Certains éléments décoratifs portent également la marque d’un style alors sur le déclin dans les années 1920 : les vitraux aux motifs inspirés d’une nature stylisée, les bow-windows, la tourelle d’angle, le treillage décoratif dans le jardin…
Mais par ailleurs la conception de la villa en béton armé, matériau alors réservé aux bâtiments industriels, est très novatrice, allant jusqu’à intégrer une partie du mobilier dans le gros œuvre. Longtemps attribuée à Tony Garnier, la villa est en fait l’œuvre du cabinet BTC, les ingénieurs Léon Barbier et Léon Lelièvre.
L’organisation intérieure est également représentative de l’architecture moderne telle qu’elle émerge au début du 20e siècle. Mme Lafont, principale interlocutrice des concepteur, envisage la maison autant comme un outil de travail que comme un symbole social. Dans ce sens, elle bouleverse la distribution habituelle des pièces : le trio cuisine - salle à manger - salon est remplacé par une vaste pièce cuisine – salle à manger visible depuis un hall central (villa « sans porte » et sans couloirs), et elle intègre les éléments du confort moderne : monte-charge, passe-plat, garde-manger ventilé ou encore vide-ordures dans la cuisine ; arrosage automatisé sur le jardin du toit terrasse, lit et portemanteau escamotables dans l’appartement des domestiques…