5 / Lotissements patronaux
Dès 1886 certains patrons lyonnais philanthropes créent une société des « Logements économiques » destinée à la construction d'immeubles ouvriers. Félix et Lucien Mangini, ingénieurs et hommes d'affaires dans les chemins de fer, en sont les fondateurs, avec les contributions du banquier Édouard Aynard et de l’industriel Joseph Gillet.
Joseph-Louis Gillet, né en 1843, est le fils aîné de François Gillet, le fondateur de la dynastie qui donnera naissance à l’empire Rhône-Poulenc. Associé à son père, il va créer bon nombre d’unités de production de teinture ou de soie artificielle dans l’Est lyonnais qui offre encore de beaux espaces pour bâtir des usines mais aussi des logements, imprimant ainsi leur marque dans l’essor de la ville.
Le plus souvent, les « quartiers » Gillet reproduisent strictement dans leur typologie la hiérarchie de l’usine, selon la vision paternaliste de l’époque. Les logements collectifs sont réservés aux (bons) ouvriers, les petites maisons aux contremaîtres, les grandes villas aux directeurs. Un modèle reproduit en série par économie, reconnaissables à leurs motifs décoratifs, avec quelques ajustements dans la forme ou la taille : certaines sont mitoyennes, d’autres divisées en quatre appartements, toutes sont à proximité de jardins ouvriers et de grands immeubles précurseurs de ce que seront les logements sociaux.