Un quartier ouvrier :
De la Cité Tête d'or au nouveau quartier du Tonkin
Avant 1914, les Hospices civils de Lyon (l’un des plus gros propriétaire foncier à Lyon et à Villeurbanne) jouent un rôle important dans l'aménagement des terrains.
Pour leur propriété à Villeurbanne, les HCL avaient en tête l'aménagement et la réalisation d'un quartier tel qu'ils avaient déjà pu le réaliser dans le quartier des Brotteaux : immeubles de standing et clientèle aisée. La proximité des Brotteaux, du cours Vitton et du parc dela Tête d'Or les conforte dans ce plan. Mais la situation à Villeurbanne n'est pas du tout la même et la Cité Tête d’or deviendra surtout un quartier populaire. Les ouvriers des usines proches s'y installent (en 1900 les quartiers Charpennes et Tonkin accueillent la moitié de la population villeurbannaise).
Ne voulant pas se séparer de leurs propriétés, les HCL louent les parcelles avec des baux limités (15 ans au début) et l’obligation de rendre le terrain nu : les constructions sont donc pour la plupart des petites maisons d'un seul étage démontables facilement car les habitants ne possèdent que les murs.
Dès 1935 les HCL font le constat de la perte d'argent : trois principaux fermiers sous-louent un grand nombre de parcelles, les HCL ne récupèrent qu'une partie et ils envisagent assez tôt le parti qu'ils pourraient tirer d'une rénovation du quartier : une mise en valeur planifiée mais cette fois en accord avec le plan d'embellissement de la commune. Mais le projet est peu réaliste au vu du contexte du quartier, très populaire.
L’État et la municipalité de Villeurbanne sont intéressés par cette immense réserve foncière. Le projet de nouveau quartier du Tonkin naît et le relogement des habitants est programmé.
En 1972 plus de 50% des habitants du quartier y résident depuis plus de 20 ans, 61 % des logements sont vétustes mais 63 % des habitants du quartier sont satisfaits d'y habiter.
Ainsi le Comité de défense des habitants écrit en 1962 "Le bien-être, pour les anciens habitants, c'était le soleil, le jardinage, bref un mode de vie presque villageois, ou tout au moins bien différent de celui des cités-dortoirs". Dans un autre tract il mentionne "C'est au nom de l'intérêt général que sont fermés les refuges des vieux, c'est maintenant à la collectivité d'assurer un relais autre que celui de Mme Veuve C. (82 ans) qui fut parachutée des pièces ensoleillées de son taudis du Tonkin, dans un éden où ni le levant, ni le midi, ni le couchant ne risquent de faire pâlir la tapisserie."